Chantage aux 35 heures chez Hewlett-Packard
« Remettre en cause les 35 heures pour sauver des emplois ? ! Va falloir qu’on m’explique ! » Hier, la proposition de Patrick Starck, PDG de Hewlett-Packard France, de revenir sur la réduction du temps de travail pour supprimer moins d’emplois qu’annoncé en septembre stupéfiait les syndicalistes de HP. « Par la renégociation de cet accord, nous serons à même d’ouvrir des postes. Je parle d’un nombre de postes significatif, cela ne se chiffre pas en dizaines de postes », a assuré mercredi soir Patrick Starck devant la presse. « Ce raisonnement, c’est ni plus ni moins que l’exact inverse de la loi, qui dit que si une entreprise n’est pas aux 35 heures, elle doit y passer précisément pour préserver l’emploi. Le contraire - allonger la durée du travail pour créer des postes- ne correspond à aucune logique », objecte Michel Soumet, représentant de la CGT. « Son raisonnement ne tient pas debout. Si on le suit, cela signifie qu’après le plan social, il faudrait faire plus de chiffre d’affaires, avec moins de monde, et par-dessus le marché, un temps de travail accru », résume, sceptique, Patrick Nowak, délégué central de la CGC.
La rtt n’a pas entamÉ la productivitÉ
Pour le patron de HP France, la RTT est un « désavantage compétitif. » Mais dans l’entreprise, la remarque n’a aucun sens : « Là où le chiffre d’affaires mondial moyen chez Hewlett-Packard est de 500 000 euros par salarié, il est à HP France de 1,7 million d’euros, sans doute le plus important en Europe », a expliqué à l’AFP Didier Pasquini, pour la CGC. Et l’entrée en vigueur de la réduction du temps de travail, en 1999, n’a pas entamé la productivité. Pour cause : elle s’est soldée, pour les cadres de HP, qui constituent 82 % des effectifs de HP France, par la généralisation du « forfait-jours ». 99 % d’entre eux travaillent 205 jours par an, mais ne comptent pas leurs heures. Légalement, on peut exiger d’eux qu’ils enchaînent jusqu’à 13 heures par jour, à condition qu’ils bénéficient de 11 heures de repos par 24 heures. Leurs samedis sont banalisés. Raison pour laquelle la CGC et la CGT avaient à l’époque refusé de signer le protocole d’accord. Saisie, la Cour européenne de justice leur a donné raison. Mais la condamnation de la France sur ce point n’a pas suivi. Le forfait-jours a arrangé la direction d’HP au point qu’elle a vite envisagé de faire passer cadres nombre de non-cadres. « Comme partout, nous avons aussi payé la RTT par la modération salariale », ajoute Michel Soumet. Difficile, dans ce contexte, de soutenir sérieusement que les 35 heures grèvent le dynamisme de HP.
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